Fin 2012, j’embarquais pour un pays méconnu : le Bhoutan. Avant mon départ, on m’a souhaité un « bon voyage en Afrique » et demandé s’il y avait la plage. J’avoue que moi aussi, je ne savais pas bien situer ce pays sur une carte avant de partir ! Voici un premier aperçu de mon voyage au Bhoutan. Je vous livre quelques infos pratiques et conseils si vous souhaitez, à votre tour, découvrir le surprenant Royaume du Dragon.
Une arrivée musclée au Bhoutan : gare à l’atterrissage !
Après une escale obligée en Inde, et le survol de l’Everest (maintenant vous savez sûrement mieux placer le Bhoutan sur une carte !) l’atterrissage à Paro est « intéressant »… La piste est nichée dans une étroite vallée entre les montagnes himalayennes culminantes à près de 5 500 m. Les nuages sont accrochés dans les sommets et les pilotes n’ont pas d’autre choix que d’atterrir à vue. Faut-il encore qu’ils y voient quelque chose !
Le jour de mon voyage, la visibilité était quasi nulle. Mes 3 co-voyageurs étant des « professionnels de l’air » et arborant un sourire jusqu’aux oreilles, je fus un peu moins inquiète que certains autres passagers qui s’agrippaient à leur siège et doutaient du bon déroulement de l’opération.
Après une première tentative ratée au milieu d’une purée de pois et proche (très proche !) des sombres à-pics, le pilote remit les gaz pour une seconde approche. Celle-ci alla, cette fois-ci, jusqu’à la pose complète de l’appareil sur la seule et unique piste de ce sol inconnu. Après cet atterrissage musclé, j’apprendrai plus tard que Paro est l’un des aéroports les plus difficiles d’accès au monde. Et que très peu de pilotes (des Bhoutanais exclusivement) sont qualifiés pour le pratiquer.
Accueil chaleureux et sourire permanent : hospitalité et bienveillance
Dès la sortie de l’aéroport, notre guide nous a accueilli avec le sourire, en procédant à un petit rituel. Il nous a passé autour du cou de chacun, une khata, écharpe blanche bénie, en prononçant quelques mots de prière pour nous souhaiter la bienvenue, longue vie et nous porter chance. Attention touchante et bienveillante, elle fut faite dans le plus grand respect de la tradition et donna le ton pour le reste de ce voyage au Bhoutan.
Tashi Delek (que l’on peut traduire par « bonne chance » ou « meilleurs souhaits ») se lit et s’entend souvent. Partout où nous sommes passés, les gens étaient accueillants, attentionnés, chaleureux, respectueux, curieux de nous découvrir et surtout très souriants. Les Bhoutanais ont aussi un sens de l’humour très prononcé, ce qui facilite souvent les échanges. N’hésitez pas à partager des histoires potaches ou des blagues avec vos hôtes. Vous verrez que leur humour, aussi incroyable que cela puisse être, est très proche du nôtre.
Le Bhoutan, terre de curiosités et de paradoxes
Entre modernité et traditions
Le Bhoutan ne s’est ouvert que très récemment sur le monde après des siècles d’isolement volontaire. C’est l’un des derniers pays à avoir reçu la TV et internet en 1999). Il est donc surprenant de voir les Bhoutanais vêtus de leurs magnifiques costumes traditionnels (le gho pour les hommes et la kira pour les femmes), que le roi leur demande de porter au quotidien, avec un smartphone collé à l’oreille. Surprenant également que dans des endroits reculés en montagne, on vous demande si vous « êtes sur Facebook »… Surtout avec une distribution d’électricité parfois défaillante. Tout ceci est plutôt paradoxal !
C’est madame qui décide
Cette terre, pourtant coincée entre l’Inde et la Chine qui ne sont pas des modèles en matière de condition féminine, est l’une des rares nations disposant d’un système traditionnellement matriarcal, où la polyandrie est légale. Alors, mesdemoiselles, si cela vous tente… Vous n’aurez plus qu’à faire votre choix sur place 🙂
Le feu tricolore n’existe pas
Autre singularité, il n’existe aucun feu tricolore dans le pays. La circulation aux carrefours en ville est orchestrée par un policier dans un joli ballet de mouvements gracieux et chorégraphiés.
L’éducation et la santé pour tous
La politique linguistique au royaume du dragon repose sur l’emploi du dzongkha, la langue nationale, et de l’anglais comme seconde langue du royaume. L’anglais est enseigné à l’école aux plus jeunes. Et, curieusement, les Bhoutanais parlent un bien meilleur anglais que nous alors que la langue de Shakespeare est inscrite dans notre programme scolaire depuis bien plus longtemps qu’eux ! Chaque village dispose d’une école. Et l’éducation (incluant l’enseignement supérieur), ainsi que l’accès aux soins médicaux, sont entièrement gratuits à vie et pour tous.
Le Bonheur National Brut
L’une des autres particularités du Bhoutan est sa recherche du bonheur à travers l’amélioration du « bonheur national brut » (BNB). Là où la majorité des pays se basent sur la valeur du produit national brut (PNB) pour mesurer le niveau de richesse des citoyens, le Bhoutan mesure le niveau de bonheur de ses habitants en s’appuyant sur 4 piliers fondamentaux.
Des phallus géants porte-bonheur
Autre curiosité, c’est la pudeur et la discrétion de ce peuple qui affiche pourtant des phallus géants peints sur les murs de leur maison ou en bois suspendus à la charpente… Ah, je sens que je vous intéresse tout d’un coup 😉
Il ne s’agit pas des sex-shops locaux, mais bel et bien de porte-bonheur. Au royaume du dragon, les phallus sont sacrés car ils protègent du mauvais œil. Et tout çà, grâce à un certain Drukpa Kunley. Ils sont même vendus aux touristes, de toutes les tailles et de toutes les couleurs, déclinés en porte-clés, autocollants, statues, cartes postales… Effet garanti auprès de la personne à qui vous en offrez !
À bout de souffle : quand l’oxygène se fait plus rare
Bien qu’il ne faille pas être un sportif de haut niveau pour parcourir le Bhoutan (j’en suis la preuve vivante), rappelons qu’une bonne partie du pays se situe à plus de 2 500 m d’altitude. Faire un effort physique se solde immédiatement par un essoufflement en quelques secondes. Autant dire, qu‘on a souvent le souffle coupé lorsqu’on voyage au Bhoutan… Au sens propre comme au figuré d’ailleurs ! Car les paysages sont grandioses, surprenants et les habitants merveilleux.
Tiger Nest, un must-do
Paradis des randonneurs, trekkeurs et cyclistes, ce royaume offre un large choix de balades en forêt, dans les plaines ou dans les montagnes, à parcourir en quelques heures ou sur plusieurs jours. Je vous recommande de suivre la piste jusqu’à l’incontournable monastère Taktsang Palphug (connu également comme le Nid du Tigre). La montée assez raide, est assez challenging . J’aime ce terme anglais, car au-delà de la difficulté physique, c’est un vrai défi ! A l’arrivée, un manque d’oxygène certain contre une réelle bouffée d’émerveillement en voyant ce monastère accroché à la falaise, comme suspendu dans le vide à 3 120 m d’altitude. À ne rater sous aucun prétexte !
Balades dans les rizières et rencontres avec les enfants
Si vous partez en voyage au Bhoutan, ne manquez pas non plus de vous balader à travers les rizières. En milieu d’après-midi, quand la lumière du soleil se fait plus douce, vous y croiserez les enfants sortant de l’école. Beaucoup vous accompagneront sur le chemin, en vous posant des questions pour savoir qui vous êtes et d’où vous venez. Ou simplement en marchant timidement dans vos pas avec un regard illuminé par la curiosité.
Près du village de Lobesa (région de Punakha), je vous conseille de sillonner les rizières en escalier. Marchez jusqu’au paisible monastère de Chimi Lhakhang, dédié à Drukpa Kunley. Le paysage est superbe ! Je vous recommande aussi fortement, si vous en avez l’occasion, de visiter une école de campagne. Rires et bonne humeur garantis ! Côté souffle, il vous en faudra encore davantage… Pour chanter avec les écoliers !
Note personnelle : mille mercis à mes 3 co-voyageurs qui se reconnaîtront, sans qui ce super voyage au Bhoutan n’aurait pas été possible.