Bienvenue à Lanzarote où l’art prend vie dans le paysage naturel. Dans cet article, je vous emmène à la découverte de César Manrique. Cet artiste espagnol a transformé cette île de l’archipel des Canaries en un véritable chef-d’œuvre. Découvrez sa vie, son style et son héritage à travers les sites incontournables et hyper photogéniques qui témoignent de son influence artistique sur cette terre volcanique. Bien plus qu’une destination touristique, Lanzarote réserve une aventure artistique unique.
César Manrique, un artiste visionnaire et inspirant
César Manrique naît en 1919 à Arrecife sur l’île de Lanzarote. Peintre, sculpteur, urbaniste, c’est un artiste polyvalent doté d’un talent exceptionnel pour intégrer l’art dans l’environnement naturel. Mais l’enfant du pays est bien plus qu’un simple créateur. C’est un visionnaire, un magicien, qui transforme les pierres accidentées en créations extraordinaires.
Dès sa plus tendre enfance, les falaises de Famara aux couleurs changeantes le fascinent. Et, associée à des structures rondes et douces, cette roche volcanique impactera toute sa vie d’artiste, lui offrant un terrain de jeu presque infini.
César Manrique parcourt le monde afin de poursuivre sa passion artistique avant de revenir sur sa terre natale pour créer des œuvres immersives. Sa bio impressionnante comprend des études à l’école des beaux-arts à Madrid, où il ouvre la première galerie d’art non figuratif d’Espagne. À ses débuts, son style est influencé par les courants surréaliste et abstrait, caractérisés par des formes organiques et des couleurs vives. Puis il rejoint le mouvement parisien informaliste, basé sur l’abstraction, la spontanéité du geste et l’émotion.
Après Venise et La Havane, il expose aussi ses œuvres à New York où il s’établit et côtoie les plus grands artistes de milieux divers, comme Andy Warhol, Alfredo Kraus ou Rita Hayworth. Mais de retour sur son île en 1966, c’est à Lanzarote qu’il trouve sa véritable inspiration.
L’impact de César Manrique sur Lanzarote
César Manrique a apporté un changement radical à Lanzarote en plaidant pour une architecture qui s’harmonise avec l’environnement. Il a influencé la politique de construction de l’île, insistant sur le maintien ou la rénovation de maisons traditionnelles peintes en blanc avec des boiseries de couleur verte pour préserver un esthétisme authentique. Il a également promu l’utilisation de matériaux naturels dans la construction. Ainsi que des habitations dont la hauteur ne dépassait pas deux étages.
Son engagement en faveur de la préservation de l’environnement a été tellement remarquable qu’il a contribué à la création de lois strictes pour interdire les panneaux publicitaires et contrôler les enseignes lumineuses, préservant ainsi le ciel nocturne de l’île. En 1993, un an après son décès, Lanzarote est déclarée Réserve de la Biosphère par l’UNESCO grâce à son travail.
À l’instar d’Antoni Gaudi à Barcelone, l’artiste canarien est donc aujourd’hui omniprésent sur toute l’île de Lanzarote.
À Tahiche et à Haria, deux de ses anciennes demeures peuvent être visitées pour en apprendre davantage sur sa vie et son œuvre.
Taro de Tahiche, la maison du volcan
Ce lieu à l’esprit seventies est juste magique ! Un incontournable lors d’un séjour à Lanzarote qui plaira aux adultes comme aux plus jeunes visiteurs.
Ancien domicile de l’artiste, cette maison-musée se situe au milieu d’un champ de lave. Elle est aujourd’hui devenue la Fondation César Manrique.
On raconte que c’est en voyant un arbre vivant dépasser de la lave sèche que l’artiste décide d’y bâtir sa maison. Lors de sa construction, il découvre des bulles de lave naturelles dont il se sert pour créer les pièces et le jardin de sa demeure, où il vit une vingtaine d’années à partir de 1968.
Aujourd’hui, la fondation abrite une collection de ses œuvres et offre un aperçu unique de sa vie et de son art. Vous pouvez aussi y apercevoir des peintures d’autres illustres artistes espagnols, comme Picasso et Miro.
Un joli jardin paysagé vous accueille avant de vous laisser pénétrer à l’intérieur de cette vaste maison atypique et spectaculaire entourée d’une mer de lave figée.
La maison de 1 800 m2 s’articule sur deux niveaux. L’étage supérieur s’inspire des maisons traditionnelles de l’île auquel sont ajoutées de grandes baies vitrées. À l’intérieur, nombreuses photos et coupures de presse témoignent de sa vie extravagante. Manrique a également intégré dans une pièce un morceau de la coulée de lave qui semble traverser la vitre pour finir sa course dans le salon.
En dessous, les galeries souterraines et les petits salons sont construits et aménagés dans le basalte. Ces bulles végétalisées prennent des allures de jungle ou de décors de films et portent le nom de couleurs : jaune, rouge, noir et blanc. La cinquième accueille la piscine.
Avec ses fauteuils boules aux coussins orange très « années yéyé », la piscine vaut le détour à elle toute seule. C’est un vrai petit coin de paradis avec une piste de danse, une cuisine extérieure et des palmiers. Un petit pont permet d’enjamber ce bassin d’eau cristalline qui invite au farniente. Mais pas question de plonger ! Nous sommes ici dans un musée et le gardien veille au grain.
La maison de la Palmeraie à Haria
C’est dans le village calme et pittoresque de Haria, au nord de l’île, que Manrique s’installe à la fin des années 80. L’artiste fait le choix de ce lieu, car il recherche avant tout la tranquillité et la proximité avec la nature pour pouvoir créer. Il vivra à Haria jusqu’à sa mort soudaine et tragique en 1992. Et depuis, dans sa maison, tout est presque resté intact. D’ailleurs, l’endroit donne l’impression que l’artiste vient de quitter la pièce pour partir travailler dans son atelier ou piquer une tête dans sa piscine.
Dans cette ancienne maison paysanne qu’il a modernisé, on trouve de nombreux effets personnels, des meubles anciens et modernes, ses vêtements, en passant par les photos de l’artiste. Mais aussi des objets chinés ou revisités artistiquement. Manrique y collectionne également des céramiques et de vieux outils de paysans.
De l’autre côté du jardin, son atelier de peinture est resté tel que l’artiste l’a laissé avant de disparaître. On peut y observer des œuvres inachevées, des essais, des dessins, des objets, des bidons et tubes de peinture. Si vous êtes sensible à l’art comme moi, nul doute que cet endroit ne vous laissera pas indifférent.
Les autres sites incontournables liés à César Manrique
En parcourant l’île, on se rend compte à quel point Manrique est présent partout. Une sculpture ici, un monument là. Un musée par-ci, une maison par-là. Une piscine de-ci, un jardin de-là… Même l’aéroport porte son nom. Son héritage est visible à chaque coin de rue, rappelant à tous l’importance de préserver la beauté naturelle de Lanzarote.
L’œuvre immense et fascinante de César Manrique s’apprécie sous différentes facettes qui mériteraient qu’on y consacre un article de blog à chacune. En voici les principales.
Los Jameos del Agua
Ce site est le premier centre d’art, de culture et de tourisme créé par Manrique à la fin des années 60. Et ce lieu exceptionnel où la nature et la créativité se rencontrent offre une expérience unique. Les Jameos del Agua (cavités volcaniques) réservent en effet beaucoup de belles surprises !
Imaginez-vous descendre dans les entrailles de la terre pour déjeuner ou prendre un café. De là, on peut observer le départ d’un autre tunnel volcanique, le tunnel de l’Atlantide qui s’enfonce sous l’océan pendant plus de 60 kilomètres.
Poursuivez ensuite la visite de ces « jameos » autour d’un lac marin souterrain profond de 7 mètres. Dans ses eaux claires, on peut apercevoir des crabes albinos uniques. Oui, des tout petits habitants inattendus, qui ajoutent une touche de magie à cet endroit déjà incroyable.
Mais ce n’est pas tout ! En remontant à l’air libre, une magnifique piscine d’eau bleutée signée Manrique et entourée de palmiers nargue les visiteurs. Manrique aime décidément beaucoup les piscines, mais, bien sûr, il n’est pas possible de s’y baigner. Elle est entourée de petits espaces détente et de bars faits à partir d’éléments naturels (bois, bombes volcaniques, pierres de lave…).
L’exploration de ce lieu atypique et totalement improbable s’achève par la visite de l’auditorium naturel. Pouvant accueillir plus de 500 spectateurs, sa roche basaltique offre une acoustique fabuleuse.
Le restaurant La Era à Yaiza
En 1730, l’île de Lanzarote subit l’une des plus importantes éruptions volcaniques de son histoire. Plus d’un quart du territoire est enseveli sous la lave. Et dans le village de Yaiza, seules une poignée de maisons sont épargnées.
Dans les années 60, Manrique tombe amoureux de l’une d’elles avec son patio et son style architectural typique de l’île. Il l’achète avec pour idée d’en faire son atelier. Mais il la convertit finalement en restaurant. C’est donc aujourd’hui à La Era que vous pouvez savourer la cuisine canarienne ou séjourner dans la maison d’hôtes.
Le Mirador del Rio
À la pointe nord de l’île, ce point de vue offre un panorama époustouflant tout en mettant en valeur la sensibilité artistique de Manrique dans son aménagement. Niché au sommet de falaises vertigineuses, cet observatoire audacieux surplombe l’océan Atlantique et l’île voisine La Graciosa. Et la sensation d’être suspendu entre ciel et mer confère à ce lieu une atmosphère unique.
Dans le bâtiment circulaire, les larges fenêtres encadrent le paysage, tandis que l’architecture s’intègre harmonieusement dans l’environnement rocheux. On retrouve les murs blancs, les sculptures couleur rouille et les escaliers en bois chers à Manrique. Devant une cheminée immense, de larges banquettes invitent à une pause détente avant d’affronter le vent sur la terrasse panoramique. J’ai effectué cette visite en février, autant dire qu’une veste ou un bon coupe-vent sont indispensables !
De retour à l’abri, autour d’un snack ou d’un thé, les visiteurs peuvent se délecter de la vue tout en se plongeant dans l’histoire des lieux, appréciant l’ingéniosité de l’artiste pour transformer un simple point de vue en une expérience artistique mémorable.
La casa Lagomar
La Casa Lagomar, souvent appelée « Maison Omar Sharif », est un véritable joyau architectural, moins connu que les précédents sites. Pourtant, ce lieu est à voir absolument et particulièrement génial avec des enfants. Car on se croirait dans un James Bond en parcourant le dédale de coursives et de tunnels, dont un très amusant avec des pas japonais entourés d’eau.
Imprégnée de mystère, la Casa Lagomar offre une architecture singulière, intégrée de manière magistrale à flanc de montagne, dans une carrière volcanique. Cette demeure labyrinthique et enchâssée dans la roche propose des passages secrets, d’étroits escaliers, des terrasses aux jardinières luxuriantes, des sculptures remarquables et une vue imprenable.
Cette maison emblématique conçue par Manrique en collaboration avec l’artiste Jesus Soto a une histoire fascinante. Initialement bâtie pour le promoteur britannique Sam Benady, elle fut achetée sur un coup de cœur par l’acteur Omar Sharif alors qu’il tournait un film sur l’île. La maison a ensuite été perdue par ce dernier lors d’une partie de bridge.
Elle a ensuite appartenu à différents propriétaires. Le dernier d’entre eux a décidé de l’ouvrir au public. Et aujourd’hui, la Casa Lagomar est devenue un musée avec un petit café pour se poser et tout simplement admirer la beauté des lieux. Personnellement, j’ai vraiment beaucoup aimé cette maison farfelue et surréaliste. À noter que les billets pour la visiter s’achètent seulement à l’entrée.
Le musée du paysan
La Casa Museo del Campesino rend un hommage chaleureux à l’histoire et à la culture insulaire, avec l’empreinte artistique distinctive de César Manrique. Situé au cœur de Lanzarote, ce musée met en lumière les traditions agricoles locales. Mais aussi le dur labeur des paysans et leur importance sur l’île. Les expositions illustrant la vie rurale, les anciens outils et les démonstrations d’artisanat ont été soigneusement mis en place pour refléter l’authenticité de la vie campagnarde.
Manrique a apporté sa touche artistique en créant « el Monumento a la Fecundidad ». Ce monument emblématique de style avant-gardiste en forme de tour symbolise l’unité et la force du travail collectif des habitants de l’île. En suscitant la fierté des traditions locales, la Casa Museo del Campesino offre une immersion enrichissante dans les racines et la culture rurale de Lanzarote.
Le Jardin de Cactus
Niché dans le paysage volcanique saisissant de Lanzarote, le Jardin de Cactus est une oasis artistique incontournable. Ce jardin abrite plus de mille espèces de cactus provenant du monde entier. Leurs formes étonnantes sur fond de pierres volcaniques créent un tableau saisissant de contrastes.
La conception du jardin avec ses bassins aux poissons rouges et un ancien moulin invite à une déambulation envoûtante. À la fois musée botanique et œuvre d’art, ce Jardin de Cactus incarne encore une fois parfaitement la vision de Manrique d’intégrer l’art à la nature. Et l’artiste prévoit, comme dans tous ses sites, un espace pour boire et se restaurer, tout en admirant la vue.
Le restaurant El Diablo dans le parc des volcans
Au cœur du parc national de Timanfaya, El Diablo est bien plus qu’un simple restaurant. Car il offre une expérience gastronomique tout à fait exceptionnelle. En effet, sa cuisine est alimentée par la chaleur géothermique des volcans environnants. En effet, le restaurant est bâti sur ce qu’on appelle une anomalie géothermique : une chambre de magma est située à 4 km de profondeur apportant des températures jusqu’à 600°C à la surface. Vous pouvez donc commander votre cuisse de poulet ou votre entrecôte qui sera rôtie sous vos yeux au-dessus d’un puits incandescent ! En dessert, ne manquez pas le « Volcán », une douceur en trompe-l’œil. On y retrouve de la pierre volcanique chocolatée, de la pouzzolane aux amandes et même des olivines sucrées.
Bien entendu, cette dégustation se fait en admirant le panorama spectaculaire des paysages lunaires du parc. Même si le lieu est super touristique, je pense que c’est une halte qui mérite le détour. Et puis, ce n’est pas tous les jours qu’on fait un barbecue sur un volcan !
César Manrique a laissé une empreinte indélébile sur cette terre de volcans, transformant chaque coin de l’île en une œuvre d’art vivante. Sa passion pour l’art, l’architecture et la préservation de l’environnement a façonné cette destination unique, offrant aux voyageurs une expérience inoubliable. J’ai été éblouie par cette fusion entre l’art et la nature, car je ne m’y attendais pas du tout. Alors, si vous ne connaissez pas encore cette île, je vous invite à la découvrir à travers les yeux de César Manrique.
Prêts à plonger dans l’héritage artistique et culturel de Lanzarote ?
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