Beaucoup de touristes empruntent le bus à Cuba. D’autres, comme moi, préfèrent être indépendants et décident de louer une voiture. Le budget est bien sûr plus important mais conduire à Cuba est une expérience particulière. Entre l’état douteux du véhicule et des routes, le manque de panneaux de signalisation et les nombreux détours involontaires, on n’a pas le temps de s’ennuyer ! Sans oublier les auto-stoppeurs et les belles rencontres qui vont avec. Voici mon retour d’expérience sur la location de voiture et la conduite à Cuba.
Louer une voiture à Cuba
Bien communiquer pour bien négocier
Avant de partir en voyage, j’ai cherché des informations sur internet pour savoir où louer une voiture et si on pouvait en réserver une depuis la France. Malheureusement c’est quasi impossible et tout doit se négocier sur place. Aussi, mieux vaut bien parler espagnol si vous ne voulez pas payer votre location trop chère. Je suis partie à Cuba avec l’une de mes meilleures amies qui heureusement parle un excellent espagnol.
Avoir de la chance avec la disponibilité des véhicules
Mon amie et moi avons demandé à 3 agences à la Havane avant d’en trouver une qui proposait des tarifs corrects et surtout qui avait un véhicule disponible, car avec les Cubains, on n’est jamais sûrs de rien. Eux non plus d’ailleurs ! Ils prennent et gèrent les choses comme elles se présentent et c’est aussi le cas avec le planning des voitures de location.
Nous avons choisi l’agence située dans le bâtiment historique qui abrite le Musée des Beaux Arts à La Havane. Après des heures de négociation, nous avons loué une Peugeot 206 pour 450 CUC les 7 jours (somme que nous avons payée en liquide). Nous avons laissé une caution de 200 CUC (empreinte de notre carte bancaire).
Nous avons fait un road trip de 1 500 km avec notre voiture de location. Un supplément de 10 CUC nous avait été annoncé pour laisser la voiture à l’aéroport à notre retour au lieu de la laisser à l’agence du centre ville. Nous avons rendu la voiture en l’état, en réglant le supplément de 10 CUC prévus et on ne nous a rien demandé de plus.
Vérifier l’état du véhicule
Quand vous louez une voiture, ne vous attendez pas à des véhicules de location comme on les connait en Europe.
Notre 206 était pourrie. 73 762 km affichés au compteur, super sale aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, avec des pneus très usés, des jantes voilées, pas d’eau dans le lave glace, pas d’essuie glace arrière, des clignotants sur le côté qui avaient été arrachés, le joint du tour de la portière qui tombait quand on ouvrait et bien sûr pas d’antenne radio…
Aussi avant de prendre le véhicule, vérifiez quelques indispensables : que les phares et les essuie-glace avant fonctionnent et, si vous avez accès aux liquides dans le moteur, c’est encore mieux de checker les niveaux et plus prudent pour conduire à Cuba. Notre 206 avait tout de même une roue de secours accrochée en-dessous, un cric et une manivelle dans le coffre. Ne vous attendez pas non plus à ce qu’on vous remette un atlas ou une carte routière. Il va falloir vous débrouiller !
Côté carburant, à l’époque de mon séjour, c’était environ 1,30 CUC/litre d’essence. Nous avons trouvé assez facilement des stations essence sur notre trajet (La Havane – Trinidad – Cienfuegos – Viñales – La Havane).
Pendant notre séjour, un de nos pneus s’est totalement dégonflé. Nous sommes donc allées dans un garage. C’était un petit cabanon en bois. Heureusement que nous nous sommes faites accompagner car on ne l’aurait jamais trouvé toutes seules. Cela nous a coûté 1 CUC pour faire regonfler notre pneu. Comme cette mésaventure nous est arrivée à la fin de notre road trip et que nous devions retourner à La Havane le jour même pour repartir en France, on n’était pas trop rassurées. Le garagiste nous a dit de surveiller le pneu et qu’il nous le changerait en 30 min si le pneu se dégonflait à nouveau. Heureusement, nous n’avons pas eu d’autre soucis.
Conduire à Cuba
Règle numéro 1 : être patient
Concrètement, il ne faut pas être pressé pour conduire à Cuba et ne pas avoir peur de se perdre. Par exemple, pour sortir de La Havane direction Trinidad, nous avons tourné en rond 1h car il n’y a pas de panneaux ou en tout cas, ils sont rares. On a bien demandé au moins 6 fois notre chemin, sans que les explications nous aident vraiment car elles sont parfois contradictoires.
Pas facile de sortir de La Havane mais on a finalement trouvé ce qui ressemblait à la autopista… La bretelle d’accès à l’autoroute était un chemin ! Eh oui, conduire à Cuba réserve des surprises. En plus, comme il n’y avait aucun panneau, nous sommes parties dans la direction opposée. Mais nous nous en sommes vite rendu compte et on a fait demi tour.
Règle numéro 2 : être prudent
L’autoroute est large mais il y a des trous partout, et pas des petits ! Il faut slalomer et être sur le qui-vive en permanence ! Je vous déconseille fortement de conduire à Cuba la nuit.
En plus, sur l’autoroute (comme en ville ou dans les villages d’ailleurs), on voit de tout : des piétons qui traversent, des gens à cheval, des charrettes, des voitures (récentes ou vieilles américaines), des camions qui font aussi parfois office de taxi, et même des véhicules à contre sens !
Règle numéro 3 : avoir un sens aïgu de l’orientation
Pas facile de se repérer ni sur la route, ni sur la carte que j’avais imprimée avant le séjour. En nous rendant à Trinidad, notre première étape, nous avons loupé la sortie sur l’autoroute (qui devait être un petit chemin dans les champs de cannes à sucre). C’est à partir de là que nous avons décidé de prendre nos premiers auto-stoppeurs, pour nous aider à trouver notre route. Car en plus des difficultés pour conduire à Cuba, on a vite fait de se perdre.
Des auto-stoppeurs pour remplacer le GPS
Depuis que je suis allée à Cuba, des applications pour smartphones comme Camino, se sont développées pour avoir le GPS sans réseau. Mais à l’époque, il fallait se débrouiller et j’avoue que çà ajoute un certain charme au voyage.
Première expérience avec les auto-stoppeurs
C’est donc en quittant l’autoroute entre la Havane et Trinidad que nous avons embarqué nos premiers auto-stoppeurs, des femmes qui sortaient du travail dans les champs. Elles nous ont volontiers indiqué le chemin. Nous nous sommes rendu compte que c’était super pratique pour ne pas nous perdre.
Faire du stop est courant à Cuba où peu de personnes disposent d’un véhicule. C’est même l’unique moyen de transport pour certains Cubains. Au début, nous étions un peu réticentes, surtout pour deux filles qui voyagent seules. Mais nous devons avouer que tous ces auto-stoppeurs nous ont sauvé la mise. Nous avions décidé de transporter principalement des femmes et des enfants. Nous avons fait de sacrées rencontres et avons toujours eu de la chance.
Par contre, il faut tout de même rester méfiant. Car au cours de notre séjour, nous avons discuté avec un couple de Suisses qui nous a alerté sur les dangers sur la route dans la province de Pinar del Rio. Ils nous ont raconté que des faux policiers arrêtent les voitures de touristes prétextant la panne d’un autocar rempli d’ouvriers et demandent aux touristes de les conduire à leur usine… Une fois à l’usine (une fabrique de cigares), on les oblige à acheter des cigares (à 20 CUC le cigare quand même !). Nos amis Suisses en ont laissé pour 200 CUC !! D’autres personnes, dont des Cubains, nous ont également dit de faire attention car comme partout, il y a des personnes malveillantes. Mais heureusement, nous n’avons jamais fait de mauvaise rencontre, bien au contraire.
Quand prendre des auto-stoppeurs devient une habitude
Parfois, nous n’avions pas besoin de demander notre route (eh oui, parfois on ne se perdait pas !) mais nous avions pris l’habitude de prendre des auto-stoppeurs pour leur rendre service. Ce fut le cas au sommet de la montagne de Topes de Collantes, en redescendant vers Trinidad où nous avons pris 3 auto-stoppeurs : un homme, sa femme et leur fils. Ils étaient très sympas et drôles, on a beaucoup discuté. Ils étaient tellement contents qu’on les conduise ! Nous avons emprunté la route qui était bien bosselée (merci le massage inclus !) avant de les laisser à Trinidad, devant l’hôtel où on séjournait. Ils nous ont remercié plusieurs fois et nous ont même embrassées en partant.
C’est aussi à Trinidad que nous avons raccompagné trois pêcheurs dans leur village. Ils étaient allés en mer, à la nage, nous chercher des langoustes que nous avons savourées grillées pour le dîner, les pieds dans le sable, devant un beau coucher de soleil. Nous en avons appris un peu plus sur leur condition difficile, la vie à Cuba et leur métier. Car il leur faut nager 3 km pour aller pêcher la langouste et faire à nouveau 3 km pour rentrer ! On ne pouvait pas faire autrement que de leur donner un petit coup de pouce en les raccompagnant chez eux.
Un peu plus tard pendant le séjour, en arrivant à Cienfuegos, on s’est trompé de direction aux abords de Rancho Luna (car même s’il y a un peu plus de panneaux que sur l’autoroute, on ne peut pas dire qu’ils soient nombreux). Pour leur rendre service, nous avons pris en auto-stop des écoliers, très polis et souriants, qui nous ont remercié sitôt montés dans la voiture. Puis nous avons embarqué une femme sympathique qui allait travailler dans un hôtel. Grâce à elle, nous sommes arrivées à destination et grâce à nous, elle est arrivée à l’heure à son travail.
En fin de séjour, entre Cienfuegos et Pinar del Rio, nous nous sommes arrêtées prendre une auto-stoppeuse. C’était vraiment devenu une habitude pour nous de convoyer les Cubains. Cette femme semblait très malheureuse. Elle nous a raconté ses difficiles conditions de vie et on a pris une grosse claque. Car chaque expérience d’auto-stop est un partage, un échange, une tranche de vie, une rencontre où on apprend beaucoup.
Un peu plus loin, en repartant sur l’autoroute, nous avons vu des auto-stoppeurs qui agitaient des billets. Cela nous a semblé étrange car en général les gens font cela gratuitement. Cela nous a intrigué, on a pensé que c’était des touristes donc on s’est arrêté. Avec nos gros bagages, on n’avait pas beaucoup de place et ces personnes avaient aussi de gros sacs. En plus, il s’agissait de deux hommes et nous privilégions les femmes et les enfants. Donc après avoir hésité, on a décidé de n’en prendre qu’un. Ils étaient Cubains et ne voulaient pas se séparer. On leur a finalement dit de se tasser comme ils pouvaient et d’embarquer. Leurs premiers mots ont été « god bless you » ! Cela faisait 5 heures qu’ils attendaient en plein soleil que quelqu’un les prenne.
L’un des deux était plus bavard que l’autre et s’est autoproclamé « GPS humain ». Il nous a dit qu’il allait guetter les voitures de police et les radars sur le bord de la route pour nous ! Ils étaient très sympas et nous ont indiqué où acheter de l’eau. C’est en leur compagnie que nous avons découvert que l’on pouvait traverser l’autoroute pour aller à la station service située sur la voie de circulation opposée ! Ils nous ont même offert les bouteilles d’eau. Après plusieurs heures ensemble, nous avons déposé nos « GPS cubains » à la Havane et avons poursuivi notre chemin.
Le jour suivant, en route pour Cayo Levisa, nous nous sommes bien sûr trompé de chemin, faute d’indications (cela devenait une habitude !). Nous avons pris quelques auto-stoppeurs en route dont une maîtresse d’école, en pleine campagne. Nous l’avons déposée devant son école, au milieu de nulle part, où les enfants l’attendaient déjà. Et on s’est demandé comment elle faisait pour être à l’heure chaque matin !
A Cuba, même les flics font du stop
Un jour où nous roulions vers Viñales, un policier nous a fait signe de nous arrêter. Nous avons pensé à un contrôle, puis à ce que nous avaient raconté les Suisses rencontrés en début de séjour. Mais ce policier voulait simplement rentrer chez lui. Nous avons discuté et il nous a expliqué le fonctionnement de la police à Cuba. Mais on sentait bien qu’il ne pouvait pas parler librement.
C’était amusant de transporter un policier. Il agitait régulièrement sa casquette depuis la voiture et faisait peur aux vendeurs ambulants sur la route qui disparaissaient subitement dans les buissons ! Avant qu’on ne le dépose et après qu’on ait lourdement insisté, le flic a accepté qu’on fasse un selfie avec lui (ou plutôt, un « selflic » !). Ce n’est pas tous les jours qu’on embarque un flic !
Quand les auto-stoppeurs servent aussi de guides touristiques
Après le policier, nous avons pris un nouvel auto-stoppeur jusqu’au village de Viñales car nous n’étions pas sûres de la route, les pancartes faisant toujours défaut. C’était un jeune guide très bavard. En plus de nous amener à bon port, il nous a confirmé l’heure de départ du bateau pour se rendre sur l’île où nous comptions aller le lendemain ainsi que le temps de trajet jusqu’à l’embarcadère. Cela confirmait les informations que j’avais lues sur Internet avant notre départ. Bien pratiques ces auto-stoppeurs quand même !
Sur l’île de Cayo Levisa nous avons sympathisé avec un Cubain qui travaillait dans un hôtel. A notre retour à terre, nous l’avons embarqué pour le ramener chez lui, avec une de ses collègues. Après l’avoir déposée, il nous a confié qu’il était amoureux de sa collègue bien qu’il soit marié… Et comme il avait pris l’apéro avant de repartir avec nous, il était un peu guilleret. Il nous a bien fait rire avec ses confidences dignes d’un ado amouraché. On l’a laissé à un carrefour où un autre auto-stoppeur nous a demandé de le prendre. C’est comme çà à Cuba, les gens montent et descendent des voitures sans cesse.
Ce dernier nous a dit bosser pour le Guide du Routard et s’est mis à parler dans un français impeccable. En fait, il était guide tout simplement (mais les Cubains aiment bien en rajouter !). Il nous a invité à boire un verre chez son soit-disant cousin pour nous remercier de la course. Son « cousin » tient une casa particular (maison d’hôtes) toute rose. Par le plus grand des hasards, celle-ci se trouvait être la maison juste à côté de l’hôtel où nous séjournions. Cousin ou pas, l’endroit était sympa et on a décidé non seulement de prendre un verre mais d’y rester dîner. On s’est régalé avec des produits du jardin et on a encore appris beaucoup de choses sur la vie à Cuba. Encore un bon plan grâce à la rencontre avec cet auto-stoppeur !
Aide les auto-stoppeurs et la chance te sourira
A la fin de notre road trip, on avait décidé de tracer direct vers La Havane sans prendre d’auto-stoppeur. On voulait être sûres de ne pas louper notre vol retour et on ne voulait pas perdre de temps. Mais on a galéré pour trouver l’aéroport et surtout le terminal 3. On s’est arrêté remettre de l’essence avant de rendre la voiture de location. Mais il n’y avait pas d’essence disponible à la pompe. On a trouvé une autre station, et toujours pas d’essence « especial » disponible mais seulement du carburant 83. Comme recommandé par notre hôte la veille (le fameux « cousin » de l’auto-stoppeur guide), on a mis du 83 qui est bien moins cher et au final fonctionne très bien.
On a demandé notre chemin à plusieurs personnes : pompistes, passants, flics… Mais impossible de trouver ce fichu terminal 3 et aucun panneau pour l’indiquer. Puis, nous avons aperçu une femme en uniforme à un carrefour et on a décidé de la prendre en stop… Et nous avons eu une chance incroyable car cette femme était douanière et partait justement travailler… Au terminal 3 !
Vous l’aurez compris, en plus de vous aider à trouver votre chemin, prendre des auto-stoppeurs permet de belles rencontres et d’en apprendre plus sur la culture locale. Un vrai échange de service « win-win ».
J’espère que cet article vous aura éclairé pour louer un véhicule et conduire à Cuba. Si vous avez d’autres conseils, n’hésitez pas à les laisser en commentaire de cet article.
Elo says:
Bonjour ! J’ajouterai qu’en plus de Camino, il peut être utile d’utiliser maps.me en complément, et de faire attention aux arnaques possibles liés au véhicule ( 4 pneus à plat pour faire croire qu’ils sont crevés et qu’il faut les changer, alors qu’ils sont seulement dégonflés 😉
Vous n’avez pas eu besoin de « dédommager » quelqu’un pour qu’il « surveille » votre voiture à l’époque ? Il ne s’agit que d’1 Cuc, mais c’est une pratique qui se répand dans les villes – on peut probablement refuser cela étant.
Article intéressant et qui permet de choisir de louer (ou non) une voiture en connaissance de cause !! Les transports en bus, et taxis se faisant très facilement par ailleurs.
Claire says:
Bonjour Elo et merci beaucoup pour ce complément d’informations. Je ne connaissais pas la pratique des pneus dégonflés (ils sont inventifs !). Effectivement, nous avons eu des demandes de la part de « surveillants de voiture », mais une fois on s’est garé plus loin et une autre fois, on a négocié pour ne pas payer. C’était aux alentours de Trinidad. Nous avons utilisé les taxis uniquement dans la Havane (nous n’avons pris la voiture de location que pour sillonner le pays et pas dans la capitale où nous faisions en bus, en taxi ou à pied), mais encore une fois il faut bien négocier la course. Mais dans tous les cas nous sommes tombés sur des chauffeurs sympas et honnêtes 🙂