J’ai beaucoup hésité à rédiger cet article, avant tout par pudeur vis-à-vis de ma maladie. Membre du club des eczémateux-ses atopiques depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours nourri un grand complexe par rapport à ma peau, même si j’arrive à l’accepter de mieux en mieux. Il est temps de m’en libérer totalement ! Cela me permet en tout cas de disposer d’une certaine expérience de la cure thermale. Après avoir fréquenté les Thermes de Saint-Gervais Mont-Blanc à 3 reprises quand j’étais enfant, me voici 25 ans plus tard à La Roche-Posay. Je vous livre mes impressions et quelques bons plans pour profiter au maximum d’un séjour thermal dans ce petit coin entre Touraine et Poitou. Parce qu’on est pas que des curistes, et que, oui, une cure est aussi une opportunité de voyage !
Avant toute chose, je précise que cet article reflète simplement l’expérience d’une curiste parmi d’autres et qu’il a été rédigé en totale indépendance, conformément d’ailleurs au manifeste de ce blog, que vous pouvez lire ici. 😉
Je dédie cet article à Bellinda et Cécile, deux très belles personnes que je suis heureuse d’avoir rencontrées lors de ce séjour. Merci pour votre bienveillance, nos échanges, la solidarité, la positive attitude et les superbes moments passés ensemble. Ça n’aurait pas été la même chose sans vous !
Organiser sa cure et se loger à La Roche-Posay
Quand on part en cure thermale classique, c’est à dire prise en charge par la sécu, on en prend pour 3 semaines. C’est peu et à la fois beaucoup. Cela laisse en tout cas le temps de bien découvrir une destination. Selon sa pathologie, on a pas forcément le choix et mieux vaut quand même privilégier l’expertise du centre thermal aux atouts du territoire. En ce qui concerne les problèmes de peau, j’avais toujours entendu parler de La Roche-Posay et le fait que la station soit à 2h de chez moi au moment de la prescription par mon généraliste a éliminé d’office les autres options.
Une fois l’accord de la CPAM reçu, on commence par regarder le planning du dermato qu’on a choisi (ou on en choisit un(e)) sur le site des thermes). Dans la mesure du possible on prévoit sa cure aux périodes de faible affluence. Simple. Puis on réserve son hébergement. Basique.
Quel meilleur moment pour partir en cure thermale à La Roche-Posay ?
Je suis partie début mars et c’est un vrai bon plan car les hébergeurs pratiquent généralement des tarifs de basse saison. En ce qui me concerne, j’ai foncé devant l’offre spéciale de la société propriétaire des thermes qui gère à la fois les Loges du Parc, l’Hôtel Saint-Roch et la Résidence des Thermes. C’est dans cette dernière que j’ai loué un studio de 25m2 pour 460€ les 3 semaines, auxquels il faut ajouter 15€ de taxe de séjour. Un tarif plutôt correct pour la prestation, mais qui m’apparaît en revanche complètement excessif en haute saison, puisqu’il double carrément !
Après avoir discuté avec d’autres curistes sur nos différentes solutions d’hébergement, il s’avère que l’on peut avoir accès à d’autres bons plans. Bellinda a par exemple réservé en direct auprès de l’agence immobilières locale Rouet. Pour 100€ de moins, on peut avoir accès à un studio équivalent en centre-ville en face du bâtiment thermal Saint-Roch.
L’avantage de la résidence, c’est d’être à deux pas du deuxième bâtiment thermal (dits Thermes du Connétable) ce qui est pratique quand on dépend de ce dernier. Ce n’était pas mon cas mais j’aime marcher donc le petit kilomètre qui nous sépare du centre-ville ne m’a absolument pas gênée.
La Résidence des Thermes dispose également d’un local laverie, ce qui, avouons-le est plutôt pratique (3,50€ la lessive avec un système de jetons à récupérer à l’Hôtel Saint-Roch). Ceci dit, on doit pouvoir trouver ailleurs une location équipée. En revanche, et je l’ai signalé dans le questionnaire de satisfaction, l’immeuble est assez ancien et plutôt mal isolé. Niveau équipements et déco, c’est rudimentaire mais fonctionnel. Mis à part la literie qui n’est pas de première jeunesse et les plaques électriques dont les commandes ont été montées à l’envers (!), l’ensemble est vieillissant mais assez bien entretenu. J’ai aussi regretté la lenteur niveau WiFi : même si l’objectif de la cure était de se déconnecter, parfois cela fait du bien de pouvoir charger ses mails en moins de 20min (!!).
Si la location meublée n’est pas votre truc, vous avez aussi plein de chambres d’hôtes de charme à La Roche-Posay et autour, mais évidemment pas aux mêmes tarifs, hein… Par exemple dans le coquet château de Valcreuse.
En tout cas, le mois de mars est aussi le mois idéal pour ceux qui, comme moi, aiment assister au réveil printanier de la nature !
Une cure… d’activités
On peut dire que les curistes de La Roche-Posay font l’objet de toutes les attentions : tout est mis en œuvre pour séduire ces touristes captifs qui se demandent quoi faire de leurs après-midi une fois leurs soins du matin terminés.
Au delà du programme de conférences et d’ateliers proposé par l’établissement thermal, de nombreuses offres spéciales bien-être nous sont réservées, en particulier dans les « satellites » de la société. Ce côté « vente additionnelle » est un peu limite, car par moments vous avez vraiment l’impression d’être une vache à lait. C’est comme le « pack curiste » que l’on vous vend au moment de la réservation de votre cure sur le site : 39€ pour un sac de goodies pas franchement utiles, c’est un peu fort de roquefort… d’autant plus que je suis persuadée que certaines personnes âgées se font avoir en pensant que ce pack est indispensable pour le bon déroulement de leur cure. Enfin bref, passons.
Spa Source La Roche-Posay : Spa si mal !
Je n’ai pas pris la carte 6 entrées au tarif préférentiel spécial curiste mais j’ai craqué sur un massage anti-stress avec un baume aux huiles Décléor. Les tarifs pratiqués sont les mêmes que dans n’importe quel centre en ville : comptez 89€ les 50min. Pour ce prix, vous avez accès au bassin d’eau thermale pour faire quelques longueurs, ainsi qu’au sauna, hammam et jacuzzi. On vous offre aussi la tisane ou les « eaux florales » à volonté.
Pour ce qui est du soin, rien à dire, c’était divin… mais trop court (comme toujours pour les massages, on voudrait que ça ne s’arrête jamais !). En revanche je ne me suis pas baignée (on trempe suffisamment le matin) et n’ai pas non plus testé les autres activités.
Peu familière des spas, j’avoue ne pas m’être sentie super à l’aise dans les espaces vestiaires (avec les rideaux des cabines qui ne ferment pas bien) et dans les couloirs. Est-ce que l’ambiance dans ce genre de lieu est toujours aussi guindée ? Hormis les quelques visages de curistes connus que j’ai croisé, j’ai un peu eu l’impression d’être entourée de précieuses ridicules… sans parler du personnel d’accueil qui en fait un peu trop à mon goût (mais ce n’est que mon avis !). En tout cas, si vous pouvez vous le permettre, le massage est toujours une bonne idée pour détendre en profondeur et chouchouter votre petit corps.
Pavillon Rose
Le Pavillon Rose est aménagé dans ce qui fut le tout premier bâtiment thermal, rénové avec goût.
A la fois espace pour les conférences, ateliers santé/bien-être et consultations, on y trouve également un salon de thé/restaurant et une boutique de produits locaux. Je vous recommande chaudement les formules déjeuner, qui sont d’un bon rapport qualité-prix, avec des plats servis dans des bocaux : c’est chic, c’est bon et il y en a toujours un 100 % végétarien.
C’est aussi au Pavillon Rose que j’ai eu le malheur d’assister à une conférence d’une dermatologue sur l’eczéma atopique… Même si je n’avais pas de grandes attentes, j’ai été outrée par certains de ses propos. Au cours de sa démonstration, elle a affirmé que les eczémateux restent généralement isolés et ne participent pas aux activités collectives, qu’elle observe surtout des groupes de femmes venues pour traiter des suites de cancer se former naturellement. En un sens, je dois lui reconnaître une part de vérité puisque je n’ai moi-même sympathisé qu’avec des femmes en cure post-cancer… Mais cela m’a parut injuste de généraliser et de nous mettre dans des cases : non, les eczémateux ne sont pas (tous) associables !
Heureusement, il y a d’autres conférences beaucoup plus intéressantes : ne manquez surtout pas celle sur l’eau thermale, animée par Mickaël Meunier, le responsable qualité du laboratoire de la structure et qui a lieu toutes les 3 semaines. Vous y découvrirez l’origine de l’eau, son parcours dans les différentes strates du sol pendant 1800 ans, comment est gérée la ressource sur la commune…
On sort de sa coquille et on va se promener avec l’OT de la Roche-Posay
Si vous n’êtes pas associable (!) et souhaitez donc rencontrer du monde pendant votre cure, l’office de tourisme de La Roche-Posay propose lui aussi de nombreuses animations. Je vous recommande notamment la visite guidée sur l’histoire du thermalisme. Vous y apprendrez plein de choses sur ce petit village à la frontière entre Touraine et Poitou, où il était du dernier chic d’aller « prendre les eaux » au début du XXème siècle. De nombreux témoins de l’âge d’or du thermalisme à La Roche-Posay subsistent dans l’architecture, dont la façade Belle Époque de l’Hôtel Les Loges du Parc est le plus bel exemple.
Si ce patrimoine vous intéresse, je vous invite à consulter ce dossier sur le site de l’Inventaire du Patrimoine de la Région Nouvelle-Aquitaine.
Ne manquez pas également balade nature organisée toutes les semaines (moins de 10km) et n’hésitez pas à vous inscrire aux sorties en covoiturage : ça dépanne quand on est comme moi, sans véhicule, et c’est moins cher pour les conducteurs…
Bonnes adresses à la Roche-Posay et alentours
Pour manger
Le seul point négatif à partir en mars à La Roche-Posay, c’est que beaucoup de bars et restaurants sont fermés… et que ceux qui sont ouverts ne sont pas forcément recommandables ! Alors que faire quand on en a marre de se faire la popote dans son studio et qu’on a la flemme d’aller à pieds jusqu’au Super U ? (qui se trouve à l’extérieur de la ville soit une petite demi-heure de marche depuis la Résidence des Thermes !)
Pour y avoir été à 3 reprises, seule ou accompagnée, le Comptoir Gourmand du Pavillon Rose reste la meilleure option que j’ai pu tester.
Sinon, prenez à emporter chez Terrasson Traiteur, « LE » boucher-traiteur du coin. En général on n’est pas déçus.
Enfin, si vous avez un moyen de locomotion, je vous conseille ces deux établissements :
- Le Relais de La Mothe à Yzeures sur Creuse (à 5min) : Bon rapport qualité prix pour leur menu du déjeuner en semaine à 13,50€. Attention toutefois si vous êtes du genre à avoir un gros appétit, vous risquez de ressortir avec la faim au ventre ! Le chef lui-même n’a pas su nous dire précisément d’où proviennent ses viandes, ce qui fait un peu baisser la note générale…
- Le Lion d’Or à Chauvigny (à 30min) : Un classique mais une valeur sûre ! Les assiettes sont copieuses, le service soigné et les prix tout à fait raisonnables. Je vous conseille d’y aller le samedi midi (en réservant) et de venir un peu en avance pour profiter du marché sur la place de la mairie. Après manger, hop, on grimpe dans la cité médiévale pour une balade digestive et une vue imprenable depuis les remparts.
Pour visiter
Finalement, je ne suis pas beaucoup sortie de La Roche-Posay durant ces 3 semaines. Voici malgré tout ce que je vous conseille à moins d’une demi-heure en voiture :
Angles-sur-l’Anglin
Avec son château en ruines, ce petit village est pittoresque par essence. La forteresse et le centre d’interprétation du Roc aux Sorciers étaient malheureusement fermés à cette période de l’année (réouverture au 31 mars) mais pour les avoir visités il y a quelques années auparavant, je recommande.
Le Parc naturel régional de la Brenne et la Réserve naturelle de Chérine
Au sein du PNR, nous avons été à la Maison de la Nature à Saint-Michel en Brenne. Cette dernière est entourée d’un parcours d’observation de la faune sauvage. Le paradis des « bird-watchers » ! En tout cas, Norah l’exploratrice, 14 mois, a adoré.
Le Grand Pressigny
Le Grand Pressigny, son château et son musée de la Préhistoire : nous avons seulement vu les extérieurs et nous sommes promenés à travers le village, désert. Sympa mais encore un peu austère en cette saison.
Ce que j’aurais aimé qu’on me dise avant de partir en cure à La Roche-Posay
- Que les claquettes en plastique ne sont pas fournies et qu’il vaut mieux apporter ses propres tongs plutôt que de se faire racketter 8€ pour des fausses crocs estampillées La Roche-Posay.
- Que ça reste un univers médicalisé et un business, où l’affluence impose un rythme et des procédures qui déshumanisent la relation (d’où l’intérêt de vraiment choisir ses dates !). Mes souvenirs de mes premières cures quand j’avais une dizaine d’années étaient assez vagues. J’avais oublié cet environnement assez stressant quand on débarque avec la peau à vif (ou alors c’est que les choses ont beaucoup changé en 20 ans !).
- Que les résultats ne sont pas visibles tout de suite : 3 semaines c’est le temps qu’il faut à votre corps pour intégrer tous les bienfaits de l’eau, le réhydrater et reminéraliser en profondeur. Les effets se feront sentir sur la durée, dans les mois suivants. Patience et longueur de temps !
Je terminerai en vous disant que le plus important c’est d’aller à la rencontre des autres curistes et d’échanger : le fait d’être en peignoir fait tomber toutes les barrières sociales et on peut réellement faire des rencontres surprenantes et vraiment enrichissantes. Toi même tu sais. 😉
Voilà, j’espère que ces lignes vous auront apporté quelques « tips » pour vivre pleinement votre cure à La Roche-Posay. Pour le mot de la fin, on a imaginé le nouveau slogan de la station thermale spécialiste de la peau, copyright Cécile :
« La Roche-Posay : laisse couler ! »
Vous aussi, vous avez effectué une cure à La Roche-Posay ? N’hésitez pas à nous laisser vos impressions dans les commentaires ci-dessous 🙂
Nathalie says:
Un récit intimiste et réaliste. Une cure est aussi un voyage riche en découvertes, vérités et déceptions ! Pour avoir réalisé deux cures post-cancer au même endroit, j’ai aimé lire tes commentaires et retrouver un peu de mon parcours. Je te souhaite du mieux-être et l’envie de continuer à prendre soin de toi.
Magali RENARD says:
Merci beaucoup Nathalie ! 🙏😊 Je suis très touchée que mon article t’ait plu.J’espère que ces 2 cures t’auront été bénéfiques !
cornu says:
Super Post !!! Depuis 9 ans j’emmène mes fils à la Roche Posay pour des cures. C’est une bulle d’oxygène dans notre année où les garçons n’ont pas de complexe sur leur peau et où ils apprennent à voir les autres avec leurs différences (comme les grands brulés ou les post cancers). Je parle beaucoup de la Roche Posay autour de moi car cette ville fait tout pour qu’on s’y sente bien. même si je pense comme vous, nous sommes des vaches à lait. Il y a aussi l’association ASAVIE qui accueille les enfants pour des ateliers créatifs à des prix dérisoires. C’est à droite de la mairie à l’ancienne crèche. Elles sont supers.
A bientôt peut être au détour d’une pulvérisation 😉
Magali says:
Merci pour votre commentaire, ravie que l’article vous ait plu ! :-)🙏