Petite commune au sud de la Charente, Touvérac n’a, à première vue, rien pour la distinguer des autres villages alentours. Pourtant, sa pinède abrite des étangs couleur émeraude autour desquels il fait bon se balader. Mais en y regardant de plus près, ce petit coin de paradis pourrait vite se transformer en enfer.
L’histoire du site de Touvérac
Au siècle dernier, le site était exploité pour son argile d’une grande pureté minéralogique. C’est ici que furent creusées des carrières pour en extraire du kaolin, cette argile blanche et friable, employée principalement dans l’industrie de la porcelaine et de la céramique. Cette matière s’utilise aussi dans la peinture pour la pigmenter, mais également en médecine, en cosmétique et même pour concevoir du papier.
Suite à leur abandon, les quatre cavités profondes de 30 à 50 mètres, se sont remplies d’eau de pluie donnant naissance à des étangs. Chaque étang a sa propre couleur allant du vert d’eau au bleu turquoise, en passant par le vert émeraude… De quoi offrir une belle déclinaison sur la palette d’un peintre. Ces couleurs surprenantes s’expliquent par la présence de silice et le fait que le sol soit pauvre en éléments nutritifs. La vie ne s’y est donc pas développée et les eaux sont restées transparentes.
Depuis 1996, le site de Touvérac est protégé et géré par le Conservatoire Régional d’Espaces Naturels (CREN). Il recèle une grande variété de faune et de flore remarquables. Je ne sais pas si le site abrite aussi des Pokémons, mais pour les adeptes de géocaching, il renferme une « géocache ».
Accès au site et parcours de randonnée
Le site de Touvérac a des allures de bout du monde, pourtant il est très simple et facile d’accès. En quittant la N10 direction Bordeaux, il suffit d’emprunter la D131 et de parcourir un seul petit kilomètre. On tombe direct sur le petit parking, point de départ des deux circuits de randonnée (latitude : 45.3784676 – longitude : -0.1894712).
Ces sentiers d’interprétation bien balisés sont accessibles aux enfants. Une paire de baskets suffit. Je vous recommande aussi d’apporter des jumelles pour pouvoir observer la faune. Au programme : oiseau migrateur (engoulevents), fauvettes, canards, tortues d’eau, grenouilles, papillons et libellules colorés…
En parcourant les sentiers, on passe tour à tour par des sous-bois (avec escaliers en rondins de bois et petit pont), une pinède odorante bordée d’ajoncs et de bruyères, des allées de roseaux et des ravines blanches. Il faut compter 1h30-2h pour effectuer le premier parcours (« sentier du renard ») qui permet d’approcher trois étangs. Le second parcours, qui fait le tour de l’étang dit de la Charbonnière, se fait en 45 minutes environ.
L’enfer au paradis
Si le site de Touvérac est un vrai paradis pour les amateurs de belles balades à pied, il a aussi un petit côté « infernal »… Au sens littéraire du terme.
Il y a d’abord le fait d’être très proche de la route nationale. On entend en continu les voitures et les camions, dont le bruit couvre parfois le chant des petits oiseaux. Ce qui est un peu dommage vu la beauté du site.
Et puis, si vous ne respectez pas le stationnement sur le parking et préférez les bas-côtés ombragés du bord de route, ne vous étonnez pas de vous retrouver avec un papillon (une autre espèce cette fois !) sur votre pare-brise.
Autre déconvenue, ce sont les déchets abandonnés par les randonneurs. Même si le site est régulièrement nettoyé et bien que les poubelles débordent sur le parking, ce n’est pas une raison pour polluer la nature. Surtout qu’un seul mégot jeté pourrait embraser immédiatement la pinède et sa végétation aride.
Enfin, et c’est certainement le côté le plus frustrant de cette balade, on ne peut pas se baigner dans les étangs. Et lorsqu’on effectue cette randonnée par plus de 30 degrés comme je l’ai fait, on a juste envie de piquer une tête pour se rafraîchir dans ces eaux cristallines. Les contrôles de police sont fréquents, et l’amende salée, ce qui n’empêche pas quelques touristes rebelles de braver l’interdiction.
En conclusion, les carrières de Touvérac valent le détour pour leur côté insolite et la beauté des lieux. Mieux vaut peut-être y aller au printemps ou à l’automne, quand la nature offre de plus belles couleurs et qu’on n’est pas tenté de s’y baigner.
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Philouze says:
Donc les eaux sont stériles mais interdites à la baignade (??? histoire de déranger une faune qui n’y est pas, alors que les étangs vivants du coin (saint jean d’angély, moulin blanc, et l’autre « lagon » du coin ou on autorise le jet ski à quelques kilomètres) , par contre la nature alentour a été classée mais on y encourage le tourisme et la rando avec des parcours aménagés. Logique !
Aménager ces lagons stériles en aires de baignades paradisiaque et en profiter pour monétiser un mimimum le parkings (voir un point chaud / froid pour les touristes ET protéger mieux les alentours en encadrant plus étroitement la rando aurait été plus rationnel non ?
Conséquence connue des gens du coin : des déchets partout, une zone de rave party sauvage en mi-saison et des baigneurs pas forcément éco-friendly quand même quand les flics n’y sont pas, et il suffit de regarder dans google earth la tronche des sentiers pour constater l’impact du piétinement.
écologiquement et économiquement ce paradis qui est un atout tombé du ciel pour Touvérac est effectivement un enfer .
Claire says:
Merci pour ce point de vue. Effectivement il y a des améliorations à faire. C’est réellement dommage qu’on ne puisse s’y baigner, je pense que c’est plus une question de sécurité que de préservation de la faune, mais information à confirmer. En attendant, la balade est quand même sympa et nous transporte dans un paysage différent de ce qu’on voit d’habitude dans ce coin.
Christophe says:
les photos sont magnifiques en tout cas
Claire says:
Merci Christophe 🙂 La couleur de l’eau l’est encore plus… et parfois on n’arrive pas à restituer la réalité en photos, mais çà donne déjà un bon aperçu 🙂